Paranoïa et Politique « Ces fous (?) qui nous gouvernent »

Paranoïa et Politique « Ces fous (?) qui nous gouvernent »

Paranoïa et Politique
« Ces fous (?) qui nous gouvernent »

Draguignan le 14 avril 2018
Christian Fierens

 

L’âme d’un peuple. L’amour du paranoïaque

Jadis pour gouverner, on tenait le gouvernail en fonction du Réel des astres. Les astres depuis Leibnitz ont perdu leur fonction de phare. Depuis lors, à part quelques illuminés, plus personne ne se fie à l’astronomie pour gouverner.

Pour gouverner un peuple, n’importe quel phare peut maintenant servir de balise : promouvoir la prospérité de son pays au détriment des autres, redonner à son empire la place du milieu sur la terre, réarmer ses défenses pour se faire entendre de ceux qui vous méprisent, exterminer les rats susceptibles de contaminer la race des races, imposer la ligne du parti à la recherche scientifique.

Pour gouverner sa vie, n’importe quel phare peut maintenant servir de balise : jouir sans entraves, transmettre les valeurs traditionnelles, s’engager pour une cause révolutionnaire, se soumettre aux chefs qui nous gouvernent.

Le Réel des astres immobiles qui semblaient nous diriger de toute éternité est descendu dans le Réel de ces multiples îlots épars au milieu desquels nous ne pourrions qu’errer, nous faufiler dans une infinie Odyssée.

Ne reste-t-il qu’une pure jouissance erratique ? Comme Ulysse, nous nous ferions attacher au grand mât phallique du navire en confiant le gouvernail à ceux qui sont supposés ne pas jouir, ceux dont nous aurions bouché les oreilles pour qu’ils ne soient pas séduits par le chant de la jouissance.

Ils sont fous ceux qui nous gouvernent. Est-ce parce qu’ils ont choisi de drôles de phares ? Ou parce qu’ils se sont laissés boucher les oreilles au chant divin des Sirènes ? Ou au contraire parce qu’ils ne pensent qu’à leur propre jouissance ? Nous sommes tout aussi fous, polarisés vers de drôles de phares, bouchés à la jouissance et cependant ne vivant et ne rêvant que de jouissance.

 

Le narcissisme

Avant toute question de jouissance, c’est la structure de polarisation vers un phare, vers un Idéal du moi ou vers un Surmoi qui est omniprésente.

Quand Freud introduit le narcissisme en 1914, il ne fait rien d’autre que d’introduire cette structure de polarisation. Le Moi freudien n’est en aucune façon une chose, une substance subjective, une monade, un sac ou une entité imaginaire. Au contraire, le Moi n’est rien d’autre que son propre développement, que sa propre gouverne. Quelle est la gouverne du Moi ? Nous imaginons — nous restons dans l’imaginaire — que le Moi est d’abord un objet inerte, un golem imaginaire, qui devrait être animé ensuite par une parole créatrice et symbolique. Il n’en est rien. Le Moi trouve sa première apparition dans le mouvement de se développer, dans la gouverne comme gouverne qui précède le Moi. Et celle-ci s’explique par la tension vers un phare, vers l’Idéal promis au Moi, l’Idéal du Moi ; c’est la tension qui est première.

 

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1 Comment

  1. Merveilleux texte! Éclairé par le parcours complet de l’œuvre de Christian Fierens. Qu’ajouter de plus? Classicisme, Stoïcisme, Chemin de la connaissance, amour Lacan ?

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