Christian Fierens – L’appensée

Christian Fierens – L’appensée

Une petite pensée : « l’appensée »

La dernière séance du séminaire XXIII (11/05/1973)

« How small a thought it takes to fill a whole life »
(Ludwig Wittgenstein, Steve Reich – Proverb)

 

Est-ce une application pour la psychanalyse ? Est-ce « App psychanalyse » à télécharger sur l’Iphone du psychanalyste ? Voilà la question de l’app penser. Comment penser en psychanalyse ?

La philosophie comme appui à la pratique psychanalytique « On s’appuie contre un signifiant pour penser » (p. 155). C’est le sens de « l’appensée », donné par Lacan tout à la fin du séminaire. Au début du séminaire, il a pourtant dit autre chose : c’est la chaîne borroméenne qui est appui à la pensée. Alors, sur quoi allons-nous nous appuyer pour penser : sur le signifiant ou sur la chaîne borroméenne ?

Et que veut dire penser ? Et pourquoi nous intéresser au penser, alors que l’analyse du rêve montre clairement que l’inconscient « ne pense pas, ne calcule pas, ne juge absolument pas » ? Quoi que nous fassions, nous sommes menés par l’inconscient et, dans ce sens, nous ne pensons pas encore.

Mais.

Mais maîtriser. Mais si nous voulons ouvrir une pratique avec l’inconscient, si nous voulons en quelque sorte maîtriser la pratique analytique, nous nous trouvons automatiquement dans un discours magistral. Ce dernier se supporte d’une philosophie qui y occupe la place de vérité. Tout maître (y compris le sujet supposé savoir) s’appuie sur une pensée, sur une philosophie. Ici, nous ne chercherions plus un appui pour la pensée, mais une pensée comme appui pour une pratique (psychanalytique) plus ou moins bien maîtrisée.

Quelle est la pensée, la philosophie capable de soutenir la pratique psychanalytique de l’inconscient (lequel ne pense pas) ? Eh bien, ce sera la philosophie comme telle. Elle se définit par ce qui lui échappe ; « amour de la sagesse », elle se définit par ce qui lui manque, la sagesse et c’est ce manque qui recèle l’inconscient. Elle ne fait que tendre vers la sagesse, c’est un éternel projet (projet de sagesse) toujours jeté vers ce qui pourrait advenir, tendu vers le futur qui n’est jamais pleinement accompli. La philosophie est cette tension, ce temps futur projeté.

 

 

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