Fierens – Matinée du 12 nov. 2016 – Questionnement

Fierens – Matinée du 12 nov. 2016 – Questionnement

Je voudrais vous parler de l’exercice de la jouissance, ça reprend un article paru en 2012 dans La revue lacanienne 2012/2 (N° 13), L’exercice de la jouissance. L’enjeu du séminaire Encore. C’est en grande partie une réflexion sur la jouissance dans le séminaire Encore.

A quoi ça sert que nous soyons ici réuni pour cette petite causerie, à quoi ça sert de lire Encore, encore, toujours Encore, Lacan, alors que nous avons quand même nos outils, Freud, le premier Lacan, le signifiant, etc. ? Est-ce que ça peut nous apporter une pratique, de meilleurs résultats ?

Poser la question ainsi c’est la poser en fonction de l’utilité : à quoi ça sert de réfléchir un peu plus. L’utilité, c’est un concept fondamental pour Heidegger, càd qu’on a l’habitude d’approcher le monde de l’extérieur, comme quelque chose qui est devant nous – Vorhandenheit – alors que Heidegger dit que la méthode première pour aborder le monde, ce serait de voir l’utilité, comment on est déjà inséré dans un monde d’utilité – Zuhandenheit – comment  on est déjà en train de bricoler quelque chose avant d’avoir un monde qui serait devant nous simplement.

Ceci pour l’utilité et le service que ça pourrait nous rendre… L’ennui, et c’est un ennui majeur, c’est que la jouissance, c’est ce qui ne sert à rien, qui n’est pas dans ce domaine de l’utilité et du service… Même si jouir en latin on pourrait le traduire par outil, le service qui serait introduit.

Si la jouissance c’est ce qui ne sert à rien, ce qui ne rentre pas dans le monde de l’utilité, alors est-ce que c’est un concept purement théorique ?

Ma thèse, c’est non, absolument pas, c’est une question d’exercice, de pratique et d’éthique, donc ça nous concerne éminemment dans notre pratique de psychanalyste.

Donc il s’agirait de nous débarrasser de cette idée de l’utilité, que ça devait servir. Remarquez… que c’est toujours pris très rapidement dans cette conception, ne fut-ce que l’analyste, surtout l’analyste  débutant qui croit devoir justifier l’argent qui sera payé à la fin de la séance, il faut qu’il soit utile quand même, il faut qu’il mérite le prix de la séance et inversement l’analysant aussi doit livrer quelque chose de substantiel pour que l’analyste ne perde pas son temps, il doit satisfaire les besoins de l’analyste…

Nous avons à nous débarrasser de cette utilité et de fait nous devons remarquer que la psychanalyse apparaît comme une pratique dite de l’insensé, longue, sans effets scientifiquement prouvés et à la fin, à quoi ça sert l’analyse ?

La question que je pose avec ce thème, c’est est-ce que nous, praticiens plus ou moins confirmés, càd avec notre expérience, déjà passée, notre air du bien connu que nous rencontrons beaucoup de gens… et nous sommes toujours prêts à y voir du bien connu, nos manières de faire bien apprises, sans surprise, sommes-nous prêts à risquer tous ces repères symboliques et imaginaires (qui nous) rendent les plus grands services ? Et pourquoi ? Pour la jouissance, pour ce qui ne sert à rien.

C’est la question que Lacan pose dans la 1ère séance du séminaire Encore et puis il dit « Je vous laisse sur ce lit, à vos inspirations… »… Ce lit que vous pouvez entendre comme le lit d’amour ou le divan. Le lit ça laisse entendre quelque chose comme un temps relativement limité pour l’acte d’amour ou pour la séance, une petite demi-heure entre parenthèses, une petite demi-heure de jouissance dans une vie par ailleurs bien organisée pour des gens relativement sérieux qui rendent leur service dans leur travail et dans leurs loisirs aussi.

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