Préparation au séminaire d’été – 11 juin 2016
Place de l’introduction du narcissisme dans le séminaire I
Lacan situe Pour introduire le narcissisme entre les deux textes les plus importants du recueil « La technique psychanalytique », à savoir Remémoration, répétition et perlaboration (1914) et Observation sur l’amour de transfert (1915) ; les trois textes se suivent directement dans le volume XII des Oeuvres complètes (le narcissisme vient après les deux écrits techniques).
Pourquoi Lacan qualifie-t-il ces deux écrits techniques comme les plus importants de tout le recueil ? Le premier texte pose la question de la résistance à la méthode de remémoration et trouve une issue dans la répétition, dans l’agieren : ce que le patient ne remémore pas, il l’agit. Le second texte pose la question de la nature du transfert : le transfert est un amour véritable. Les deux questions – résistance et transfert – sont déjà présentes dans La dynamique du transfert (1912) et ce texte a déjà fait l’objet d’un commentaire explicite dans la leçon du 3 février 1954 (leçon V) : lorsque l’analysant interrompt le cours de ses associations (résistance), il se tourne immanquablement vers la personne de l’analyste (transfert). Selon l’expression de Mannoni « qui parle en accoucheur », « la résistance se présente par le bout transférentiel ». La leçon VI est consacrée à la Verneinung (avec le commentaire d’Hyppolite). Les leçons VII et VIII tournent autour de Melanie Klein (et du petit Dick). Au début de la leçon XI, Lacan accentue la fonction de la parole comme ce qui permet de comprendre l’expérience analytique. C’est ce domaine central dans notre expérience – qui n’est jamais indiqué comme tel – qui doit permettre pourvu qu’on prenne quelque recul, qui donne « une partie très importante des solutions des antinomies qui s’y manifestent » (p.173). La première antinomie dans notre expérience c’est que le transfert est tout à la fois le moteur de la cure et la résistance à la cure.
Ce qui doit nous étonner c’est que Lacan n’analysera jamais ces deux textes cités comme « les plus importants » du recueil freudien, consacrés aux deux alternatives de l’antinomie et qui correspondent parfaitement à l’intitulé du séminaire lacanien. Le texte sur le narcissisme devrait nous permettre de prendre le recul nécessaire pour nous situer « en fonction de la situation de dialogue analytique » (174b) et qui n’est pas sans l’antinomie fondamentale du transfert qui vaut à la fois comme résistance, frein à l’analyse et comme amour, « le ressort énergétique » (174d) de l’analyse.
Cette antinomie inhérente à l’amour de transfert en même temps que l’expérience analytique impliquent l’introduction de la fonction de l’imaginaire (on pourrait déjà penser – à tort – que les antinomies et les paradoxes reposent toujours sur quelque chose d’imaginaire qui demande à être travaillé symboliquement) ; comme la fonction symbolique, elle est présente dans l’oeuvre de Freud, même si elle n’est jamais nommée comme telle. On pourrait dire que l’introduction de la fonction imaginaire par Lacan (1954) n’est que la reprise de l’introduction du narcissisme par Freud (1914). Donc que le narcissisme c’est l’essence de l’imaginaire.
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