Qu’est-ce que le manque?
Dès que quelque chose vient au savoir, il y a quelque chose de perdu on peut le concevoir comme un morceau de corps. Ce point d’où surgit qu’il y a du signifiant ne saurait être signifié. L’annulation et la dénégation tentent de rejoindre dans le signifiant sa fonction de signe, de viser le point de manque mais ce faisant elles ne font que redoubler la fonction du signifiant en l’appliquant à elle-même. La nature du signifiant est de s’efforcer à effacer une trace. Plus on cherche à l’effacer pour retrouver la trace plus la trace insiste comme signifiant.
Quel est notre rapport avec a? Pour le pervers et le psychotique, la relation du fantasme s’institue de telle sorte que a est à sa place du coté de i (a). Dans le cas de la névrose, quelque chose apparait du coté de l’image i’(a) en x, un substitut de a qui n’est pas spécularisable.
Pour Freud, l’angoisse est un signal qui se produit dans le moi concernant un danger interne. Il n’y a pas de danger interne dit Lacan, l’angoisse est la manifestation spécifique du désir de l’Autre.
Si le moi est le lieu du signal, c’est pour que le sujet soit averti d’un désir, d’une demande qui concerne mon être même; il sollicite ma perte pour que l’Autre s’y retrouve. Le désir de l’Autre ne me reconnait pas, il m’interroge à la racine même de mon désir comme a, comme cause de ce désir.
Dans «Inhibition, symptôme et angoisse», Freud évoque l’indétermination de l’objet de l’angoisse, en tant que peur devant un danger interne. Cet «Etwas» devant quoi l’angoisse opère comme signal est de l’ordre de l’irréductible, du Réel.
Oedipe, qui a possédé sa mère, objet du Désir et de la Loi, voit ce qu’il a fait, il voit ses propres yeux jetés au sol, il les voit comme objet cause d’avoir voulu savoir. Le moment de l’angoisse est cette impossible vue qui vous menace de vos propres yeux.
Chez le masochiste, la visée fantasmatique d’être l’objet de la jouissance de l’Autre masque que ce qui est visé en réponse à cette chute du sujet, c’est l’angoisse de l’Autre.
Pour le sadique, l’Autre existe, Sade cherche la transe, la «peau du con», c’est l’envers du sujet qui est cherché, faire passer à l’extérieur ce qui est le plus caché, il s’agit de réaliser la jouissance de Dieu, l’être suprême en méchanceté.
Dans ces structures se dénonce le lien radical de l’angoisse à l’objet en tant qu’il choit, comme reste réel. Ce sont des objets séparables et l’angoisse apparait dans la séparation. La castration est intimement liée à la caducité de l’objet.
Dans le transfert nous avons à prendre en nous le a car l’objet en tant que cause de son manque est étranger au sujet qui nous parle.
Le facteur décisif du progrès de la cure tient à l’introduction de la fonction de la coupure.
L’angoisse a rapport à la défense et c’est du coté du Réel que nous avons à chercher de l’angoisse ce qui ne trompe pas. L’angoisse est intermédiaire entre jouissance et désir en tant que c’est franchie l’angoisse que le désir se constitue.
L’angoisse dans la vie amoureuse
Seul l’amour permet à la jouissance de condescendre au désir. a est l’accès à l’Autre, c’est tout ce qu’il en reste. L’amour est sublimation du désir. Se proposer comme désirant, c’est se proposer comme manque de a.
Toute exigence de a sur la voie de rencontrer la femme ne peut que déclencher l’angoisse de l’autre car je le fais a, mon désir le «aîse», c’est pour ça qu’il faut l’amour pour que la jouissance condescende au désir.
Ce que l’autre veut, même s’il ne le sait pas, c’est mon angoisse. C’est en tant que la femme veut jouir de l’homme qu’elle suscite son angoisse parce qu’il n’y a de désir qu’impliquant la castration.
La femme est supérieure à l’homme dans le domaine de la jouissance car son lien au noeud du désir est plus lâche. Le manque dont est marqué la fonction phallique pour l’homme et qui fait que son lien à l’objet doit passer par le complexe de castration, n’est pas pour la femme un noeud nécessaire. Elle s’affronte au désir de l’Autre comme tel, l’objet phallique vient pour elle en second, pour autant qu’il joue un rôle dans le désir de l’Autre. Ce rapport simplifié au désir permet aux femmes analystes d’être dans un rapport plus libre à ce désir.
Tirésias devrait être le patron des psychanalystes puisqu’il affirme que la jouissance des femmes est supérieure à celle des hommes.
Cela dépend de la limitation qu’impose à l’homme son rapport au désir qui inscrit l’objet comme négativé, -phi.
Le vase féminin se suffit à lui-même, l’objet y est de surcroit.
Ainsi l’angoisse de l’homme est lié à la possibilité de ne pas pouvoir. Pour la femme, c’est le désir de l’Autre qui l’intéresse, qu’elle tienne au désir de l’homme, c’est ça l’amour.
Le masochisme féminin est un fantasme masculin, dans ce fantasme c’est par procuration que l’homme fait se soutenir sa jouissance de quelque chose qui est sa propre angoisse; c’est ce que recouvre l’objet qui chez l’homme est condition du désir, désir qui couvre l’angoisse.
Pour la femme, le désir de l’Autre est le moyen pour que sa jouissance ait un objet. Son angoisse n’est que devant le Désir de l’Autre. Chez l’homme, il y a toujours quelqu’imposture, chez la femme, c’est la mascarade.
Elle sait ce que vaut ce à quoi elle a affaire dans le désir alors que l’homme est dans la méprise. Laisser voir son désir est angoissant pour la femme car ce qu’il y a à laisser voir, c’est ce qu’il y a alors que pour l’homme, c’est laisser voir ce qu’il n’y a pas.
Don Juan est le rêve féminin d’un homme auquel il ne manquerait rien. Le rapport complexe de l’homme à son objet est chez lui effacé, au prix d’accepter son imposture radicale qui en fait l’objet absolu. Ce n’est pas un personnage angoissant pour une femme, c’est quand elle se sent vraiment l’objet d’un désir qu’elle fuit.
La femme veut aussi l’objet mais sa revendication du pénis reste liée au rapport à la mère, c’est dans la dépendance de la demande que l’objet a se constitue pour la femme. L’insatisfaction du désir est précastrative, c’est ce qu’elle n’a pas qui constitue l’objet de son désir, alors que pour l’homme, c’est ce qu’il n’est pas, là où il défaille. L’objet de la quète féminine est le membre perdu d’Osiris.
Au niveau du stade du miroir, la fillette passe la main sur le «y», moment de vertige devant ce qu’elle voit. Le garçon regarde le petit robinet, il faudra qu’il apprenne que ce qu’il a là, n’existe pas, par exemple par rapport à celui de papa, et en plus que ça n’en fait qu’à sa tête. Il devra le rayer de la carte de son narcissisme pour que ça puisse lui servir.
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