L’Angoisse, de I.S.A. au séminaire X

L’Angoisse, de I.S.A. au séminaire X
Constitution de l’objet chez l’obsessionnel.

Chez l’obsessionnel, la non suite à la compulsion éveille l’angoisse. L’angoisse apparait avant le désir. Pour que le symptôme sorte de l’état d’énigme informulée, il faut que le sujet pense qu’il y a une cause à ça. la dimension de la cause est seule à indiquer l’émergence de a autour de quoi doit tourner toute analyse du transfert et le problème de la fin de l’analyse tient à l’irréductible de la névrose de transfert.

Cette fonction de cause, partout présente dans notre pensée, nous l’envisageons comme l’ombre portée, la métaphore de cette cause primordiale qu’est le a en tant qu’antérieur à toute phénoménologie, comme reste de la constitution du sujet au lieu de l’Autre.

Lacan distingue 5 étages dans la constitution de a  dans la relation du sujet à l’Autre chez l’obsessionnel.

  • Oral: le besoin de l’Autre, c’est en fonction de la dépendance du sujet à la mère que se produit la disjonction du sujet à a, mamelle qui fait partie du monde intérieur du sujet.
  • Anal: l’objet est le reste dans la demande de l’Autre.
  • Au niveau phallique, le manque est central, c’est la jouissance dans l’Autre. Le rapport de cette jouissance dans l’Autre à l’introduction de l’instrument manquant -phi est l’angoisse de castration.
  • L’étage scopique, celui du fantasme, nous avons affaire à la puissance de l’Autre qui est le mirage du désir humain.
  • Au dernier étage doit émerger le désir dans l’Autre.

C’est dans la mesure où ce désir dans l’Autre est refoulé chez l’obsessionnel que tout est commandé dans sa symptomatologie. Pour couvrir le désir chez l’Autre, l’obsessionnel a recours à sa demande. Ses tentatives à l’endroit du désir sont toujours marquées d’une condamnation originelle; il lui faut toujours se les faire autoriser, que l’Autre le lui demande. En conséquence, a, l’objet de sa cause, vient se situer là où la demande domine, au stade annal où a est l’excrément en tant que demandé.

L’excrément est un rejet, ce qui intéresse le vivant, c’est ce qui entre. Il entre dans la subjectivité par l’intermédiaire de la demande de l’Autre qui commande à l’enfant de retenir, faisant de l’excrément une partie du corps. Puis, on lui demande de lâcher  et l’excrément est valorisé du fait qu’il donne satisfaction à la demande de l’Autre. A cela s’ajoute flairage et torchage érotisant. Le caca prend ainsi fonction d’agalma. L’agalma n’est concevable que dans sa relation au phallus et c’est en tant que symbolisant la castration que le a excrémentiel est agalma.

Au stade oral où a est le mamelon, le sujet qui se constitue dans le commandement de la voix ne sait pas que le sein, c’est la réalité de la limite de a par rapport à l’Autre, il croit que a c’est l’Autre. Au niveau anal il peut se reconnaître dans un objet. La demande de la mère tourne autour de cet objet, le deuxième temps de la demande (donner) implique que ce qui est admiré est ensuite désavoué, cette reconnaissance est ambigüe, c’est lui et ce n’est pas lui. Cette structure d’ambivalence donne celle du symptôme. Cette structure fondée sur la demande laisse hors circuit la liaison au désir. L’évacuation du résultat de la fonction anale prend toute sa portée au niveau phallique comme imageant la perte du phallus.

Le fait que le désir mâle rencontre sa propre chute avant la jouissance du partenaire féminin, implique que la femme n’est condamnée à aimer l’Autre mâle qu’en un point situé au delà de ce qui l’arrête elle aussi comme désir et qui est le phallus. Cet au delà est visé dans l’amour. La jouissance de la femme est en elle-même, elle ne se conjoint pas à l’Autre. L’homme n’est dans la femme que par délégation de sa présence, sous forme de cet organe caduc dont il est fondamentalement châtré dans la relation sexuelle. Le don est une métaphore empruntée à la sphère anale. Chez l’obsessionnel tout est symbolisé, sauf le désir.

Dans la nécessité où se trouve le sujet d’achever sa position comme désir qu’il va l’achever dans la catégorie de la,puissance. La relation spéculaire est support narcissique de la maitrise de soi dans son rapport avec le lieu de l’Autre.

L’obsessionnel n’est jamais au terme de la recherche de satisfaction. Entre l’alter ego spéculaire (moi idéal) et l’idéal du moi qui prend forme du Tout Puissant, l’obsessionnel trouve le complément de ce qui lui est nécessaire pour se constituer en désir, le fantasme ubiquiste.

En tant qu’obsessionnel, il croit toujours en Dieu, oeil universel posé sur toutes nos actions. Athée serait celui qui aurait réussi à éliminer le fantasme du Tout Puissant.

Clinique de l’obsessionnel

L’émoi se pose hors du principe du pouvoir, c’est le a lui-même. L’angoisse désigne l’objet et détermine l’émoi. Le rêve de l’Homme aux Loups lui apparait comme monstration de sa vérité dernière. Ce qui se produit, c’est l’émoi anal, émergence de a à l’origine de la dialectique du désir chez l’obsessionnel. L’émoi est coordonné au moment de l’apparition de a, moment de dévoilement traumatique où le sujet cède à la situation. L’objet est cessible, sa fonction comme morceau séparable véhicule quelque chose de l’identité du corps.

Au niveau de l’inhibition, le désir peut prendre fonction de défense. Il y a occultation structurale du désir derrière l’inhibition.

Un acte est une action qui a le caractère d’une manifestation signifiante. Le sujet ne se réalise que dans des objets qui sont dans la même série que a, des objets cessibles, des oeuvres.

Un acte est une action en tant que s’y manifeste le désir même qui aurait été fait pour l’inhiber.

Chez l’obsessionnel les désirs se manifestent toujours dans la dimension de la défense. Déjà le désir anal est désir de retenir centré autour d’un objet primordial auquel il va donner sa valeur.

Le désir est à la place de l’inhibition. A la place de l’empêchement, il y a «ne pas pouvoir». Chez l’obsessionnel, c’est la compulsion: il ne peut pas se retenir.

A la place de l’émotion, dans la confrontation à la tâche, il y a: ne pas savoir.

Il ne savait pas que c’était cela, mouvements d’aller et retour signifiants qui posent puis effacent, sont tous sur la voie de retrouver la trace primitive, la cause du processus. C’est pourquoi cette cause n’est rien d’autre que cet objet abject et dérisoire, que cette recherche tourne indéfiniment.

Cela se manifeste dans l’acting out et dans le doute qui frappe pour le sujet la valeur de tous les objets de substitution. Ne pas pouvoir est ici ne pas pouvoir s’empêcher, la compulsion est celle du doute.

Au niveau du désir génital, la fonction du a se symbolise par -phi. Ce trou central donne sa valeur à l’angoisse de castration, seul niveau où l’angoisse se produise au lieu même du manque de l’objet. L’obsessionnel a accédé au stade phallique mais étant donné l’impossibilité à se satisfaire à ce stade, il supplée avec son objet à lui, le a excrémentiel, cause du désir de retenir. L’oblativité est bien un fantasme obsessionnel.

Le a fait bouchon, le symptôme serait la fuite, le passage à l’acte, de l’ouvrir et l’acting out est le jet qui vient d’ailleurs que de la cause sur laquelle on vient d’agir.

Ce n’est pas que notre interprétation sur le plan analytique soit fausse qui provoque l’acting out, mais c’est que la où elle est portée, elle laisse place à quelque chose qui vient d’ailleurs.

Sur le plan scopique, l’amour idéalisé chez l’obsessionnel représente la négation de son désir.

Il entend qu’on aime une certaine image de lui même. Cette image, il la donne à l’autre. C’est le fondement de l’altruisme et de la mythique oblativité.

Tout ce qu’il fait n’est jamais pour lui, mais pour cet autre, cette image de lui-même. Il n’est jamais permis à son désir de se manifester en acte. Son désir se soutient de faire le tour de toutes les possibilités qui déterminent l’impossible au niveau phallique. Il soutient son désir au niveau des impossibilités du désir.

L’angoisse est dissimulée dans l’ambivalence de l’obsessionnel. Cet objet que le sujet ne peut s’empêcher de retenir comme le bien qui le fait valoir n’est aussi de lui que le déjet. Ce sont les deux faces par où l’objet détermine le sujet comme compulsion et comme doute. Dans cette oscillation dépend le passage du sujet par ce point O où il se trouve à la merci de l’autre au sens duel.

Faire tourner la cure de l’obsessionnel autour de l’agressivité, c’est la subduction des désirs du sujet au désir de l’analyste. Or a n’est ni cette vanité ni ce déchet mais un reste irréductible à la symbolisation au lieu de l’Autre.

Toute fonction du a ne se réfère qu’à la béance qui sépare au niveau sexuel le désir du lieu de la jouissance. Le désir va à la rencontre de la jouissance et pour cela il doit franchir le fantasme qui le soutient. Nous l’avons découvert comme la butée du complexe de castration. Pour la femme, l’affaire est faite, elle est plus angoissée que l’homme car au niveau phallique son angoisse est liée au désir de l’Autre.

Au niveau scopique, le fantasme de toute puissance est corrélatif de l’impuissance fondamentale à soutenir le désir de ne pas voir.

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