L’Angoisse, de I.S.A. au séminaire X

L’Angoisse, de I.S.A. au séminaire X
La connaissance

Lacan critique l’objectivité et son corrélât d’une raison pure.

Partout, la cause s’avère irréductible, insaisissable, pour autant qu’elle est identique dans sa fonction à cette part de nous même, de notre chair qui reste prise dans la machine formelle.L’objet perdu est le support de toute fonction de la cause, nous ne sommes objet du désir que comme corps. C’est le désir qui anime la fonction de la connaissance. La cause est l’ombre, le pendant de ce qui est point aveugle dans la fonction de la connaissance. C’est ce qui est méconnu dans les universités. Qu’on puisse poser la question du désir de l’enseignant est le signe qu’il y a un enseignement. Là où elle ne se pose pas, il y a le professeur qui est celui qui enseigne sur les enseignements. Il découpe dedans. Si le professeur était moins soucieux du raccord dans ses collages, il pourrait aboutir, comme dans les collages artistiques, à évoquer le manque qui fait toute la valeur de l’oeuvre d’art. Dans mon enseignement, dit Lacan, la méthode ne se distingue pas de l’objet abordé.

La certitude de l’angoisse est fondée, il y a déjà connaissance dans le fantasme; l’homme qui parle est par cette parole impliqué dans son corps. La racine de la connaissance est cet engagement dans le corps. Du fait de la dialectique signifiante, il y a toujours dans le corps, quelque chose de sacrifié, de séparé, la livre de chair.

La solution chrétienne est l’issue masochiste: s’identifier à celui qui s’est fait déchet.

Dans le bouddhisme zen, la visée est que le désir est illusion, c’est à dire qu’il n’a de visée sur rien.

Les cinq objets

Lacan va maintenant compléter la liste des objets freudiens.

Le désir est lié à la coupure et en rapport avec la fonction du reste qui l’anime. Le manque est lié à la satisfaction. La non coïncidence du manque et du désir, structuré par le fantasme, est ce qui crée l’angoisse qui est seule à viser la vérité de ce manque.

Ce qui fonctionne dans la succion du nourrisson, ce sont les lèvres. La structure de l’érogénéité a la fonction d’un bord et, dans l’articulation, les phonèmes les plus fondamentaux sont modulés au niveau des lèvres qui sont d’ailleurs utilisées dans de nombreux rites d’initiation. Derrière les lèvres, il y a l’enclos des dents et la possibilité du fantasme du mamelon comme isolé.

Il y a analogie entre le sevrage et la naissance où la coupure est entre l’individu et ses enveloppes. La mamme est plaquée sur la mère, l’objet de la pulsion orale est le sein. Le point d’angoisse est au delà de ce qui réunit l’enfant et la mamme, il est au niveau de la mère. L’angoisse du manque de la mère, c’est l’angoisse du tarissement du sein. Le rapport à la mamme reste structurant pour le rapport au désir et deviendra l’objet fantasmatique. Le point d’angoisse où le sujet a rapport à son manque est dans l’Autre, sur le corps de la mère.

Au niveau du complexe de castration, nous assistons à un renversement du point de désir et du lieu de l’angoisse.

Dans la castration, la relation à l’objet phallique contient implicitement la privation de l’organe. La détumescence marque la liaison de l’orgasme avec ce qui se présente comme coupure, aphanisis de l’organe.

L’homologie du point d’angoisse oral, c’est l’orgasme lui-même comme expérience subjective.

Dans aucun des deux cas, point d’angoisse et point de désir ne coïncident.

C’est dans la mesure où le désir n’est pas vraiment articulé par Freud que la fin de l’analyse rencontre la butée de la castration. Cette butée tient à notre insuffisance à distinguer la relation du désir à l’objet et le manque constituant de la satisfaction. Le désir et illusoire parce qu’il s’adresse toujours ailleurs, à un reste constitué par cette relation du sujet à l’Autre.

L’oeil apparait tôt dans l’échelle animale. C’est un organe double, fonctionnant dans la dépendance d’un chiasme. Le fonctionnement de l’oeil inclut le mirage. La structure de l’espace exclut une chose: l’oeil lui même.

Dans le mimétisme animal; les doubles tâches ont pour effet de fasciner le partenaire ou le prédateur.

Les paupières abaissées du bouddha nous préservent de la fascination du regard tout en nous l’indiquant. Cette figure est dans le visible, tournée vers l’invisible, mais nous l’épargne, elle prend le point d’angoisse à sa charge et suspend le mystère de la castration.

Au niveau du regard, point de désir et point d’angoisse coïncident mais ne se confondent pas.

Dans l’espace, rien en apparence n’est séparé. L’espace a rapport avec l’oeil, quand nous pensons espace, nous devons neutraliser le corps en le localisant. C’est un point qui se localise dans l’espace par quelque chose d’étranger aux dimensions de l’espace. L’espace n’a d’intérêt qu’à supposer cette résistance ultime à la section.

Par la forme i’(a), mon image dans l’Autre est sans reste. Je ne peux savoir ce que j’y perd. Mon image est marquée par la prédominance de la bonne forme qui est une apparence. Il suffit d’une tâche, un point, pour faire fonction de grain de beauté qui montre la place de a  où s’attache le désir. Le grain de beauté me regarde et m’attire car ce regard me reflète.

La vision est aveugle à la castration, toujours élidée au niveau du désir. Qu’est ce qui nous regarde? le blanc de l’oeil de l’aveugle, le tatouage.

Le rapport du désir à l’angoisse se présente à ce niveau sous une forme radicalement masquée, liée aux fonctions les plus leurrantes de la structure de désir à opposer à l’ouverture qu’apporte la voix.

Ce qui complète le rapport du sujet au signifiant quand le signifiant est émi et vocalisé, est une certaine forme de a. Le Shofar nous présente la voix sous la forme exemplaire où elle est en puissance d’être séparée. Avec le Shofar, il s’agit de renouveler le pacte de l’alliance, de réveiller le souvenir de dieu lui-même. C’est l’objet voix, déjà rencontré dans les voix égarées de la psychose et dans le caractère parasitaire des impératifs du Surmoi.

Phallique

Quel est le rapport de l’angoisse à la castration ?

La fonction du phallus imaginaire fonctionne à tous les niveaux de la relation du sujet à a, sauf au stade phallique. L’évanouissement de la fonction phallique au niveau où le phallus est attendu pour fonctionner est le principe de l’angoisse de castration.

Dans la scène primitive, il y a toujours quelqu’ambiguité concernant sa présence. L’effet traumatique tient aux formes sous lesquelles il disparaît.

Dans le rêve de l’Homme au Loup, le phallus est invisible d’être partout. Ce qui le regarde est la transposition à l’état d’arrêt de son propre corps transformé en arbre couvert de loups. Le sujet n’est plus qu’érection dans cette prise qui le fait phallus. La réponse du sujet, reconstruite par Freud, est la défécation.

Qu’est-ce qui est demandé au niveau génital et à qui?

La copulation est transcendante par rapport à l’existence individuelle, avec elle émerge la fonction de la mort. Nous demandons à satisfaire une demande qui à rapport avec la mort. Par la «petite mort», cette demande de mort est satisfaite à bon compte.

L’angoisse de castration se rapporte à ce point d’appel d’une jouissance qui dépasse nos limites pour autant que l’Autre est ici évoqué dans le registre du Réel par quoi se transmet la vie.

Au niveau de l’objet, ce n’est réalisé de façon si satisfaisante qu’au cours d’un cycle, du fait que l’organe ne tient jamais très loin sur la voie de la jouissance; il cède toujours prématurément, c’est de cela qu’il s’agit dans le complexe de castration. Le désir de la femme est doublement (clitoris et vagin) commandé par la question de sa jouissance. Le lieu de cette  jouissance est lié au caractère énigmatique, insituable de son orgasme.

C’est dans la mesure où le désir de l’homme échoue que la femme est conduite à l’idée d’avoir l’organe de l’homme pour autant qu’il serait un véritable ambocepteur, le Phallus. C’est parce que dans son évanescence, il ne réalise pas la rencontre des désirs qu’il devient le lieu commun de l’angoisse.

A la fin de l’analyse freudienne, la femme demande le pénis, mais pour faire mieux que l’homme. Sans l’analyse, pour surmonter le pénisneid il y a la séduction, offrir au désir de l’homme l’objet de la revendication phallique, faire de ses attributs féminins le signe de la toute puissance de l’homme.

Il n’y a pas de castration car là où elle a à se produire, il n’y a pas d’objet à castrer car le phallus n’apparait dans le sexuel que comme manque et c’est cela son lien à l’angoisse.

Dans les deux sexes le phallus est ce que je désire mais ne peut avoir que comme -phi. Ce «moins» constitue le champs de l’Autre comme manque.

Le jeune enfant monologue dès qu’il possède quelques mots, c’est analogue à la fonction du rêve, tout se passe sur l’Autre scène. Ce que le sujet reçoit de l’Autre par le langage, il le reçoit sous forme vocale. L’oreille est un tuyau résonateur, la voix résonne dans un vide qui est le vide de l’Autre comme tel. Une voix ne s’assimile pas, mais comme le sable dans la daphnie, elle s’incorpore, c’est ce qui lui donne comme fonction de modeler notre vide.

Le Shofar peut ainsi être substitut de la parole, il modèle le lieu de notre angoisse après que le désir de l’Autre a pris forme de commandement. Par l’introduction d’un autre ordre, il peut donner à l’angoisse sa résolution dans la culpabilité ou le pardon. Dans le sacrifice, il s’agit de faire comme si les dieux désiraient. Les victimes doivent être s ans tache car dans la tache git la possibilité de la résurgence dans le champs du désir de ce qu’il y a derrière. Quand on apprivoise les dieux dans le champs du désir, il ne faut surtout pas éveiller leur angoisse.

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